L'agence de renseignements amĂ©ricaine a publiĂ© jeudi, en français, son Ă©tude prospective sur l'Ă©tat du monde dans vingt prĂ©visions de la CIA pour le futur de la planĂšte ne sont pas optimistes, loin de lĂ . Le rapport de l'agence amĂ©ricaine, publiĂ© tous les quatre ans et intitulĂ© cette annĂ©e Le monde en 2035 vu par la CIA, et le Conseil national du renseignement Le paradoxe du progrĂšs» est sorti jeudi aux Ă©ditions Equateurs. Ces 300 pages prospectives sont arrivĂ©es sur le bureau de Donald Trump, dĂšs son amĂ©ricaine pose le dĂ©cor dĂšs les premiĂšres lignes Dans les cinq prochaines annĂ©es, on verra un accroissement des tensions entre Etats et Ă l'intĂ©rieur de ceux-ci.» En parallĂšle, la croissance mondiale va ralentir. La menace terroriste augmenterait sous diffĂ©rentes formes, et Ă laquelle les Etats, toujours plus divisĂ©s, peineront Ă rĂ©pondre. L'enjeu central des gouvernements et des sociĂ©tĂ©s sera de concilier les talents individuels, collectifs et nationaux pour apporter sĂ©curitĂ©, prospĂ©ritĂ© et espoir.»La CIA dĂ©veloppe trois scĂ©narios imaginaires de lâĂ©tat du monde entre 2020 et 2035 Ăźles», orbites» et communautĂ©s».ScĂ©nario n°1 un monde dâĂźles recluesLe premier scĂ©nario imagine un monde subissant les dĂ©gĂąts d'une croissance atone et d'une mondialisation faiblissante, face auxquelles les gouvernements n'ont rien su faire. Vingt ans aprĂšs la crise financiĂšre de 2008, les Ă©conomistes de par le monde observent des Etats fragilisĂ©s, repliĂ©s sur eux-mĂȘmes. La combinaison de tous ces Ă©vĂ©nements a donnĂ© naissance Ă un monde fragmentĂ© et sur la dĂ©fensive oĂč des Etats inquiets cherchent mĂ©taphoriquement et physiquement Ă construire des murs pour se protĂ©ger des problĂšmes extĂ©rieurs, formant ainsi des "Ăźles" dans un ocĂ©an d'instabilité», relate le Europe comme en AmĂ©rique du Nord, les Etats n'ont pas su s'adapter aux bouleversements Ă©conomiques et sociĂ©taux de ce nouveau monde. En Asie, le constat est le mĂȘme, le boom des Ă©mergents est retombĂ© Parce qu'elles n'ont pas su gĂ©nĂ©rer suffisamment de demande intĂ©rieure pour stimuler leur Ă©conomie quand le marchĂ© mondial s'est ralenti, la Chine et l'Inde sont restĂ©es enfermĂ©es dans le "piĂšge du revenu moyen" et ont connu une stagnation de leur croissance, des salaires et des conditions de vie.» Les classes moyennes, ayant acquis ce statut avant la crise de 2008, sont meurtries, et une partie de cette population est retombĂ©e Ă des niveaux modĂ©rĂ©s de lire aussiLe monde contre l'isolationnisme de Donald TrumpLes consĂ©quences nĂ©fastes de la mondialisation, notamment lâaccroissement des inĂ©galitĂ©s et la montĂ©e des populismes, ont poussĂ© les Etats Ă mettre en place toujours plus de mesures protectionnistes, au lieu de privilĂ©gier le dialogue international. Dans ce scĂ©nario, lâessor rapide des intelligences artificielles a bouleversĂ© les sociĂ©tĂ©s plus profondĂ©ment que ce que les Ă©conomistes avaient prĂ©vu. Le chĂŽmage a continuĂ© Ă cet Ă©tat des lieux dĂ©moralisant, la CIA voit, dans vingt ans, le dĂ©but d'une nouvelle Ăšre de croissance et de prospĂ©rité». Le salut viendra de plusieurs horizons. AprĂšs avoir bouleversĂ© le marchĂ© du travail, l'innovation technologique va crĂ©er des opportunitĂ©s de relance. Dans ce monde futuriste, la crĂ©ativitĂ© viendra alors de la collaboration entre hommes et machines. Le ralentissement de la mondialisation et des Ă©changes commerciaux a donnĂ© naissance Ă une nouvelle gĂ©nĂ©ration d'entrepreneurs et d'inventeurs au niveau local.» Leçon du futur imaginĂ© pour le prĂ©sent les gouvernements qui s'en sortiront le mieux sont ceux qui miseront sur la recherche et l'innovation et qui sauront garder les talents technologiques dans leurs n°2 Ă lâaube dâune escalade militaireLe second scĂ©nario, intitulĂ© Orbites», est racontĂ© par un conseiller national en sĂ©curité» qui revient sur l'Ă©tat du monde, Ă l'aube de l'an 2032, date oĂč s'achĂšve le second mandat d'un certain Smith» Ă la tĂȘte des Etats-Unis. Le milieu des annĂ©es 2020 a vu l'accroissement sans pareil des tensions entre puissances rĂ©gionales. La Russie, la Chine mais aussi l'Iran ont profitĂ© d'un repli des Etats-Unis sur la scĂšne internationale pour imposer leur domination Ă©conomique, politique et militaire» sur leur rĂ©gion d'influence respective. Les tensions se cantonnent dans un premier temps Ă des reprĂ©sailles Ă©conomiques et diplomatiques, Ă une guerre de propagande et Ă des cyberattaques, sans impacts lire aussi Economistes au bord de la crise de nerfs, acte IILa plus grande victime de ces conflits a Ă©tĂ© la "vĂ©ritĂ©" dans la mesure oĂč la propagande de ces Etats, diffusĂ©es par plusieurs mĂ©dias sociaux, commerciaux et officiels, a dĂ©formĂ©, dĂ©naturĂ© et manipulĂ© les informations sur ce qui se passait rĂ©ellement», analyse le conseiller. Un constat qui Ă©voque Ă©trangement l'Ăšre de post-vĂ©ritĂ©s, ou de faits alternatifs», dont se sont nourris en 2016 les Brexiters et les partisans de Donald Trump. Sous le premier mandat de ce fameux Smith», les Etats-Unis opĂšrent un retour sur la scĂšne internationale, mais entrent directement en confrontation avec la Chine, l'Iran et la Russie, donnant Ă la fin des annĂ©es 2020 un faux air de guerre froide. L'Ă©tincelle ? Une crise entre l'Inde et le Pakistan en 2028 qui aboutit Ă l'explosion de la premiĂšre bombe nuclĂ©aire depuis 1945. La crise est finalement dĂ©samorcĂ©e par les Etats-Unis, avec l'aide de la Chine ouf. L'escalade militaire et nuclĂ©aire est Ă©vitĂ©e. Comme lors de l'aprĂšs Seconde Guerre mondiale, les grandes puissances rĂ©tablissent une relation de confiance et reprennent leur coopĂ©ration sur les questions de n°3 les communautĂ©s dirigent le mondeLe troisiĂšme et dernier scĂ©nario s'intĂ©resse aux CommunautĂ©s», via le regard d'une future maire d'une grande ville canadienne qui rĂ©flĂ©chit en 2035 aux transformations des deux derniĂšres dĂ©cennies. Dans ce monde, les groupes locaux ont pris le pas sur les gouvernements nationaux. En cause le manque de confiance grandissant des populations envers leurs dirigeants nationaux. Si la politique Ă©trangĂšre, les opĂ©rations militaires et la dĂ©fense nationale restent le fait des entitĂ©s nationales, l'Ă©ducation, l'Ă©conomie ou encore la santĂ© reviennent Ă la charge des autoritĂ©s locales. L'implication des entreprises dans la vie de leurs employĂ©s est telle qu'elles se chargent dĂ©sormais de l'Ă©ducation, de la santĂ© et du logement. L'expĂ©rience n'est pas Ă©gale Ă travers le monde. Au Moyen-Orient, la jeunesse s'est rĂ©voltĂ©e contre les institutions et l'extrĂ©misme religieux, sonnant l'avĂšnement d'un nouveau Printemps arabe. Mais en Chine ou en Russie, des mouvements similaires sont loin d'avoir escomptĂ© les mĂȘmes succĂšs. Ces changements se sont opĂ©rĂ©s finalement plus facilement au sein des dĂ©mocraties occidentales comme aux Etats-Unis ou au Canada, oĂč il y avait dĂ©jĂ une forte tradition d'implication des collectivitĂ©s locales et du secteur privé».A lire aussi Une France sobre en Ă©nergie et 100% renouvelables en 2050 les pistes trĂšs concrĂštes de nĂ©gaWatt
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Le Nouvel Observateur/France Culture. Peut-on dire aujourdâhui que lâavenir du monde et de la paix se joue au Moyen-Orient? Alexandre Je le pense tout Ă fait. Le Moyen-Orient a toujours Ă©tĂ© une rĂ©gion importante mais depuis les annĂ©es 60, il est devenu le problĂšme gĂ©opolitique numĂ©ro un de la planĂšte. A mon sens, nous avons encore franchi rĂ©cemment une Ă©tape avec lâĂ©lection iranienne, lâĂ©volution de la politique pĂ©troliĂšre, la stabilitĂ© de lâArabie saoudite et la question du conflit israĂ©lo-palestinien. Ce nâest pas un hasard si Obama a fait au Caire son premier grand discours de politique Ă©trangĂšre. Hubert Je ne dirai pas que tout lâavenir du monde se joue dans cette rĂ©gion parce que je pense que lâĂ©volution des rapports entre les principaux pĂŽles du monde multipolaire de demain â qui ne sera pas stable mais verra une compĂ©tition entre les divers pĂŽles -, commande tout le reste. Dâautre part, la question de savoir si le monde arrive ou non Ă passer dâune Ă©conomie prĂ©datrice folle Ă ce quâon appelle le dĂ©veloppement durable», est encore plus vitale, globale et grave. Mais dans la gĂ©opolitique dâaujourdâhui, ma rĂ©ponse est oui oui, les problĂšmes les plus aigus, se posent dans ce que Brzezinski appelait il y a quelques annĂ©es lâarc de crise», qui va du Proche-Orient jusquâĂ lâAsie centrale en passant par lâAfghanistan-Pakistan. Câest lĂ oĂč ça se joue et dâabord au Proche Orient. Je trouve Obama courageux dâentrer dâemblĂ©e dans le vif du sujet et dâavoir rompu avec ce que les droites israĂ©lienne et amĂ©ricaine ont prĂ©tendu depuis quinze Ă vingt ans la question palestinienne est secondaire. Il pense quâil ne pourra pas rĂ©tablir le leadership amĂ©ricain dans le monde, mĂȘme relatif, sans dĂ©passer lâantagonisme avec 1 milliard 300 millions de musulmans et donc sans se focaliser sur ce point. Ce qui ne veut pas dire quâil nây a pas toute une sĂ©rie dâautres problĂšmes accrochĂ©s en chapelet. Le 4 juin dernier, Barack Obama a prononcĂ© au Caire un discours de rĂ©conciliation Ă lâintention des musulmans. Comment ont Ă©tĂ© reçues ses invitations au rassemblement? Quel est le poids vĂ©ritable de ses mots et quels changements concrets peut-on en attendre? A. Selon lâexpression consacrĂ©e, cela allait sans dire, mais cela va mieux en le disant». Obama a trouvĂ© des mots â et pas seulement de la rhĂ©torique -, et citĂ© des versets du Coran pour sâadresser au cĆur de ces musulmans qui, dans le monde, ont le sentiment quâils sont les laissĂ©s-pour-compte de la mondialisation. Des musulmans persuadĂ©s quâon a envers eux un systĂšme de double valeur, oĂč ce qui est rĂ©servĂ© aux peuples non seulement du Nord mais mĂȘme de lâAsie, comme la Chine, leur est interdit; quâils sont les mal-aimĂ©s de cette Ă©poque. Il y a bien entendu de lâexagĂ©ration, parfois de la mauvaise foi, mais il y a un noyau indĂ©niable. Le monde musulman a Ă©tĂ© considĂ©rĂ© ces derniĂšres annĂ©es par lâensemble des puissances occidentales, Russie comprise, plutĂŽt comme le problĂšme que la solution. Et tout dâun coup, Obama â Yes, we can» â a eu les mots quâil fallait pour montrer quâau fond la politique amĂ©ricaine nâĂ©tait ni cynique, ni machiavĂ©lienne, ni manipulatrice. Et il lâa fait Ă un moment oĂč se jouait en Iran lâĂ©lection prĂ©sidentielle la plus importante de toute la rĂ©gion. Comme je lâai dĂ©jĂ Ă©crit, aprĂšs la Turquie, lâIran entre dans la voie de la dĂ©mocratie. Et Obama, avec le discours du Caire et en me mettant pas de prĂ©alable Ă la nĂ©gociation avec la RĂ©publique islamique, a tout fait tout pour que les modĂ©rĂ©s et les progressistes rassemblĂ©s derriĂšre Moussavi lâemportent sur Ahmadinejad. En tout cas, on ne pourra pas lui reprocher dâavoir sabotĂ© cette insurrection de la libertĂ© dans le peuple iranien, qui est un facteur absolument essentiel. Je voudrais aussi rĂ©pondre Ă Hubert VĂ©drine sur la question de savoir si la question palestinienne est secondaire ou non. Bien entendu, elle nâest pas secondaire. Notamment pour les IsraĂ©liens et les Palestiniens. Mais mon sentiment est que souvent on traite cette question comme si rien ne sâĂ©tait jamais passĂ©; comme si lâAutoritĂ© palestinienne nâavait pas Ă©tĂ© créée par les accords dâOslo câest quand mĂȘme un quasi-Etat; comme si Yasser Arafat nâĂ©tait pas revenu sur sa terre; comme si des nĂ©gociations approfondies nâavaient pas eu lieu Ă plusieurs reprises; comme si des moments de normalitĂ© nâavaient pas Ă©tĂ© créés. Or câest ce capital sur lequel on peut faire fond. Mais je ne peux pas mâempĂȘcher de penser que la complication de la situation â mĂȘme si on voit bien les maladresses ou la mauvaise foi israĂ©lienne qui sourd de temps Ă autre -, vient pour lâessentiel non pas du peuple palestinien mais de son environnement gĂ©opolitique. Dans une vague islamiste trĂšs violente qui a dĂ©bouchĂ© sur le 11 Septembre, Yasser Arafat nâa pas cru devoir franchir le pas de la nĂ©gociation au moment oĂč celle-ci Ă©tait trĂšs largement ouverte en lâan 2000. Ensuite, bien sĂ»r les choses ont eu leur propre logique. Je suis donc dâaccord avec Hubert VĂ©drine il faut rĂ©soudre ce problĂšme, pas Ă la fin du mandat dâObama mais au dĂ©but. Mais il faut savoir que la rĂ©solution de la question israĂ©lo-palestinienne est intimement liĂ©e, par toutes sortes de fibrillations, au reste de la rĂ©gion. Et que si par exemple lâIran dâAhmadinejad, ou hier lâIrak de Saddam Hussein ont pesĂ© de tout leur poids pour empĂȘcher une solution, cela fait partie Ă©videmment de lâĂ©quation. On ne peut pas uniquement la rĂ©duire Ă un face-Ă -face israĂ©lo-palestinien. H. Je reviendrai sur la question israĂ©lo-palestinienne et les Ă©vĂ©nements des derniĂšres annĂ©es, y compris lâannĂ©e 2000, dont jâai une lecture tout Ă fait diffĂ©rente de celle dâAlexandre Adler. En revanche, je le rejoins sur le discours du Caire. Câest un discours trĂšs important. Nous savions quâObama, depuis son Ă©lection, avait lâintention il lâavait mĂȘme dit avant dâadresser un discours au monde musulman. Certains membres de son Ă©quipe le lui avaient dĂ©conseillĂ© en lui disant il ne faut pas enfermer le monde musulman dans une dĂ©finition culturaliste. Il a balayĂ© Ă juste titre cet argument, car il est clair que si lâavertissement de Huntington sur le risque de clash entre les civilisations a un sens, câest bien entre lâislam et lâOccident. Mais cette mise en garde a fait tellement peur Ă tellement de gens quâils lâont niĂ©e, par une sorte de politique de lâautruche. Il faut comprendre le discours dâObama comme un Ă©lĂ©ment fort dans un processus dâensemble. Câest un accompagnement symphonique de la politique quâil va mener au Proche-Orient, en Irak, en Iran, en Afghanistan-Pakistan, et dans lâensemble du monde arabo-musulman. Autre point dĂ©terminant il en attend un impact sur les opinions publiques de la rĂ©gion. Car câest un leader qui attache plus dâimportance, on le voit, aux opinions quâau copinage avec les dirigeants. Il sait parler aux opinions. Il lâa fait magnifiquement avec lâopinion amĂ©ricaine, lâopinion turque, lâopinion arabo-musulmane, sans doute en pensant dĂ©jĂ Ă lâopinion iranienne; comme certainement un jour il saura parler Ă lâopinion israĂ©lienne, dont une majoritĂ© accepte lâidĂ©e dâun Etat palestinien depuis maintenant des annĂ©es. La fermetĂ© de la Maison Blanche Ă lâĂ©gard du gouvernement israĂ©lien sur les implantations illĂ©gales comme sur la crĂ©ation dâun Etat palestinien, est un fait inĂ©dit dans lâhistoire des relations israĂ©lo-amĂ©ricaines. IsraĂ«l fera-t-il les frais de la nouvelle donne amĂ©ricaine au Moyen-Orient? H. Il y a depuis 1967 une opposition en IsraĂ«l entre ceux qui considĂšrent quâil ne faudra jamais lĂącher les territoires occupĂ©s pour des raisons Ă©conomiques, religieuses ou de sĂ©curitĂ©, et ceux qui considĂšrent que le peuple juif ne sâest pas dotĂ© dâun Etat pour pratiquer cette cruelle politique dâoccupation, qui ne correspond plus Ă une stratĂ©gie de sĂ©curitĂ©, et quâil faudra bien un jour accepter la solution qui passe par la crĂ©ation dâun Etat palestinien. Conclusion Ă laquelle Rabin Ă©tait arrivĂ©, et vers laquelle se dirigeait Sharon. Ăa fait maintenant longtemps que lâopinion israĂ©lienne est prĂȘte Ă accepter cette solution, mais sauf quand surgit un Itzhak Rabin, le systĂšme politico-Ă©lectoral lâentrave du fait des effets dĂ©vastateurs de son systĂšme Ă©lectoral Ă la proportionnelle intĂ©grale, qui permet Ă nâimporte quel groupe extrĂ©miste de tout bloquer ou de pratiquer du chantage o tout propos. Olmert a dit, Ă la fin de son mandat, avec une franchise que je salue ça fait quarante ans que nous employons sans cesse tous les prĂ©textes pour ne jamais faire aucune concession aux Palestiniens. Ce nâest plus possible, ça ne peut plus durer. Il faut accepter des concessions sur le plan territorial, y compris JĂ©rusalem. Et mĂȘme Barak, ministre de la DĂ©fense actuel a dit, lui aussi dans un moment de franchise on a eu bien tort de jouer le Hamas contre lâOLP. Dont acte. Les IsraĂ©liens se sont enferrĂ©s eux-mĂȘmes dans un piĂšge. Ils savent trĂšs bien que la situation est dĂ©testable pour eux-mĂȘmes sur le plan sĂ©curitaire, et abominable pour les Palestiniens. Ils ne peuvent pas sâen sortir seuls. La seule puissance au monde qui puisse les y aider, avec un mĂ©lange de fermetĂ©, dâamitiĂ© et dâengagement de sĂ©curitĂ©, câest lâAmĂ©rique. Je regrette de dire cela en tant quâancien ministre français des Affaires Ă©trangĂšres, mais câest lâĂ©vidence mĂȘme. Jâai trouvĂ© tragique que la droite israĂ©lienne â et au-delĂ â rĂ©ussisse Ă terroriser si longtemps les EuropĂ©ens qui du coup ont renoncĂ© Ă toute pression utile et toute initiative. Et jâai trouvĂ© nĂ©faste lâalignement de la politique Ă©trangĂšre amĂ©ricaine sous Bush sur cette droite israĂ©lienne qui nâavait dâautre perspective que de perpĂ©tuer le statu quo. Je trouve par contraste extraordinairement courageuse et intelligente la politique dâObama, qui se saisit dâemblĂ©e du sujet sans attendre son deuxiĂšme mandat pour essayer de rĂ©soudre ce problĂšme si dangereux. Il me semble aussi quâil y a un dĂ©but dâĂ©volution, au sein de la communautĂ© juive amĂ©ricaine, peut ĂȘtre Ă©galement de la communautĂ© juive française et dans lâintelligentsia juive mondiale par rapport au conflit. Quâil y a un consensus pour dire oui, maintenant il faut bouger. A condition bien sĂ»r que la sĂ©curitĂ© dâIsraĂ«l soit clairement garantie et surgarantie». Si un prĂ©sident amĂ©ricain arrive Ă parrainer une solution juste entre IsraĂ©liens et Palestiniens, il jouira dâun prestige immense, son pays avec lui, dans le monde arabo-musulman et lâEurope en profitera. Cela sera le coup le plus terrible portĂ© aux extrĂ©mistes. Mais il va se heurter Ă des obstacles Ă©normes. Parce quâau fond, beaucoup de forces Ă©taient trĂšs Ă lâaise avec la politique de Bush il nây avait pas que la droite israĂ©lienne, il y avait aussi les rĂ©gimes iraniens, le Hamas, le Hezbollah, les extrĂ©mistes de toutes sortes qui prospĂ©raient face Ă cet Occident manichĂ©en, commode repoussoir pour leur propagande. Ils sont maintenant dĂ©stabilisĂ©s par la politique dâObama dâoĂč des rĂ©actions Ă prĂ©voir. On voit dĂ©jĂ les problĂšmes en IsraĂ«l, en Iran, mais Obama sera patient et tenace. Pourtant les derniĂšres Ă©lections israĂ©liennes donnent plutĂŽt le sentiment inverse. A. Les derniĂšres Ă©lections israĂ©liennes sont complexes. Parce que le parti parvenu en tĂȘte, Kadima, a pris nettement position, avec Olmert et Tzipi Livni, pour la crĂ©ation de cet Etat palestinien. Et devant lâeffondrement de la vieille idĂ©ologie socialiste, câest en fait Kadima, un parti de centre-gauche aujourdâhui dont Shimon Peres est adhĂ©rent encore en thĂ©orie, qui regroupe, avec le Parti travailliste, avec lâextrĂȘme gauche israĂ©lienne et les Arabes dâIsraĂ«l qui sont 20 % de la population, une majoritĂ© potentielle. Or cette majoritĂ© nâest pas une majoritĂ© politique. Mais il nâen reste pas moins quâun homme aujourdâhui a la responsabilitĂ© de changer, de bouger câest Bibi Netanyahu. Netanyahu, en effet, est un homme dâune trĂšs grande complexitĂ©, parce quâil symbolise la vĂ©ritable Ă©volution de lâopinion israĂ©lienne. La gauche israĂ©lienne, depuis longtemps, avec Itzhak Rabin, Ă©tait dâaccord pour crĂ©er cet Etat palestinien. Je dirais mĂȘme quâelle lâĂ©tait bien avant, puisque Ben Gourion pensait quâil fallait rendre ces territoires avant sa mort, donc dĂšs le dĂ©but des annĂ©es 1970. Mais ce qui est intĂ©ressant, câest de voir comment Tzipi Livni et Ehud Olmert, qui viennent du cĆur du nationalisme intransigeant, du Erout de Begin, ont fait ce chemin. Sharon, qui venait de la gauche mais qui ensuite a incarnĂ© lâesprit militaire israĂ©lien, avait fait ce mĂȘme chemin. Et Netanyahu ne lâa pas encore fait, mais il est trĂšs embarrassĂ©. Dâabord parce quâil est de culture amĂ©ricaine. Il a Ă©tĂ© diplĂŽmĂ© de Harvard, il a vĂ©cu adolescent aux Etats-Unis, il connaĂźt lâAmĂ©rique. Et pour lui, Ă©motionnellement, le fait de faire un bras de fer avec les AmĂ©ricains ne lui convient absolument pas. Yitzhak Shamir Ă©tait un vieil agent soviĂ©tique qui Ă©tait revenu Ă ses amours pour Moscou Ă la fin de sa vie. Lui, les AmĂ©ricains, ça ne lâimpressionnait pas. Netanyahu, oui. Mais il doit rompre avec le credo de son pĂšre, qui est un homme influent, important, un intellectuel fanatique; de sa mĂšre, qui lui a dĂ©jĂ dit, lorsquâil a abandonnĂ© Hebron, quâil reniait son frĂšre aĂźnĂ©, qui Ă©tait dans les commandos israĂ©liens, et qui est mort pour IsraĂ«l. Câest beaucoup plus encore quâune rupture politique, câest une rupture Ă©motionnelle, et nâest pas le gĂ©nĂ©ral de Gaulle qui veut. Beaucoup de gens lâestiment en IsraĂ«l pour son passage au ministĂšre des Finances. Il apparaĂźt comme un homme rationnel, ouvert. Je lui ai parlĂ© une fois dans ma vie. Il Ă©tait passionnĂ© par Singapour. Il avait Ă©tudiĂ© avec soin le cas de ce mini-Etat, qui avait tirĂ© son Ă©pingle du jeu entre ses deux grands voisins lâIndonĂ©sie et la Malaisie. Câest pour cela quâil parle toujours dâune solution Ă©conomique» pour la question palestinienne, mais elle nâest pas rĂ©aliste sans lâEtat palestinien. Il doit maintenant franchir le Rubicon. Sâil ne le franchit pas, il est condamnĂ© par lâhistoire. Parce que lâEtat dâIsraĂ«l Ă©tant ce quâil est ne va pas maintenant jouer lâintransigeance vis-Ă -vis des Etats-Unis. Câest impensable. Ce qui se passe aussi â Hubert VĂ©drine lâa trĂšs finement remarquĂ© -, câest une OPA amicale de la diaspora. Les finances israĂ©liennes sont dĂ©jĂ entre les mains de Stanley Fischer, lâancien directeur adjoint du Fonds monĂ©taire international, qui apprend Ă ses heures lâhĂ©breu, mais pas tant que ça. Et puis, jâai lâimpression quâil y a un second Premier ministre dâIsraĂ«l aujourdâhui qui, aux cĂŽtĂ©s dâObama, commence Ă dire les choses câest Rahm Emanuel. Le fait que le SecrĂ©taire gĂ©nĂ©ral de la Maison-Blanche ait la double nationalitĂ© israĂ©lienne et amĂ©ricaine, quâil ait servi dans lâarmĂ©e israĂ©lienne le rend insoupçonnable aux yeux de lâopinion israĂ©lienne lorsquâil exige, en tapant du poing sur la table, parfois plus Ă©nergiquement quâObama lui-mĂȘme, la crĂ©ation de lâEtat palestinien. Je ne suis pas si pessimiste que ça, parce que de beaucoup dâendroits du Proche-Orient nous parviennent des signaux positifs du Liban, dont lâĂ©lection a permis dâendiguer lâinfluence du Hezbollah; de lâIrak, oĂč la pacification manifestement avance; et de lâIran, oĂč on a vu lâampleur du mouvement rĂ©formateur derriĂšre Moussavi et le sursaut de la sociĂ©tĂ© civile. Obama est trĂšs ferme sur lâexigence dâarrĂȘt complet de la colonisation des territoires occupĂ©s. Peut-il ĂȘtre entendu?A. La croissance naturelle dâimplantations nâa aucun sens. Comment ignorer que la crĂ©ation dâun Etat palestinien implique lâĂ©vacuation dâun bon tiers des habitants des colonies. H. Jâai tendance Ă penser que le jour oĂč les IsraĂ©liens se seront collectivement convaincus que la solution est lĂ , avec des garanties de sĂ©curitĂ© amĂ©ricaines renforcĂ©es, ils iront au bout du processus; y compris avec les colons mĂȘme si une minoritĂ© dâentre eux est prĂȘte Ă tout pour ne pas Ă©vacuer, mĂȘme si une petite partie dâentre eux créée une sorte dâOAS⊠A. Nous avons connu ça Ă la fin de la guerre dâAlgĂ©rie. H. Mais finalement, sâil fallait faire un pari, je pense que les IsraĂ©liens arriveront bon grĂ© mal grĂ© Ă la fin des fins, Ă maĂźtriser tout ça. Propos recueillis par Gilles Anquetil et François Armanet
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alexandre adler comment sera le monde de demain